Les parkings ne sont pas éternels
Pourquoi, malgré des changements sans précédent dans les modes de déplacement domicile-travail, un essor considérable des transports actifs et l'avènement des véhicules sans conducteur, la conception des parkings à étages est-elle restée globalement la même ?


Nouvelle-Galles du Sud Responsable de l'architecture
Luke Smith
Associé
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Les parkings à étages sont apparus comme une typologie de construction courante dans les années 1950, avec l'essor de la motorisation de masse et de la culture du navettage.
Généralement construits en béton coulé sur place, avec des plateaux profonds, de faibles hauteurs d'étage et des façades ouvertes, ils sont fonctionnels, quoique peu inspirants, et souvent perçus comme des espaces froids et peu invitants.
Alors pourquoi, en 2023, avec des changements sans précédent dans les modes de déplacement domicile-travail, une énorme augmentation des transports actifs et l'avènement des véhicules sans conducteur, la conception des parkings à étages est-elle restée en grande partie la même ?
Le défi
Bien qu'il y ait eu des avancées majeures dans la conception des parkings, et quelques moments d'innovation, nous assistons toujours à la conception et à la construction de structures de stationnement à plusieurs niveaux "comme d'habitude". Ces structures ont tendance à présenter une série de limitations et de défis :
- Inefficacité : les parkings pour navetteurs peuvent être une utilisation inefficace de l'espace, les installations atteignant leur capacité pendant les périodes de pointe - telles que l'afflux/exode du matin et du soir en semaine - et étant sous-utilisées en dehors de ces périodes, telles que les soirées et les week-ends.
- Une forte intensité de carbone : l'utilisation généralisée du béton in situ a un coût élevé en termes d'émissions de carbone.
- Manque de flexibilité : la grille structurelle et les hauteurs d'étage sont optimisées pour les véhicules et ne se prêtent généralement pas à d'autres fonctions, que ce soit sur une base hebdomadaire ou à plus long terme.
- Mauvais voisinage : de nombreux parkings en béton, dépourvus de façade, peuvent sembler incomplets et ne contribuent guère au caractère de l'environnement urbain.
- Peu invitants et contribuant à une mauvaise perception de la sécurité : les plafonds bas, les sols profonds et les escaliers fermés peuvent créer des espaces sombres et peu invitants qui ne donnent pas l'impression d'être sûrs et mal aimés.
Les perturbateurs et l'évolution du comportement des clients
L'évolution rapide des comportements dans la façon dont nous travaillons, voyageons, nous rencontrons et nous déplaçons dans nos villes, nous laisse avec une vaste gamme d'actifs de stationnement qui perdent rapidement de leur pertinence, de leur valeur et de leur utilité.
Les véhicules automatisés vont radicalement bouleverser nos comportements actuels et la manière dont nous possédons, utilisons et garons les "voitures". Dans certains cas, on peut raisonnablement supposer que le besoin de stationnement dans nos villes diminuera considérablement, étant donné que les voitures à conduite autonome peuvent trouver d'autres possibilités de stationnement et que les véhicules automatisés peuvent être utilisés en permanence, au lieu de rester inactifs pendant huit heures par jour et pendant la nuit.
Il existe également des ambitions politiques croissantes pour des villes sans voitures, les gouvernements s'efforçant d'atteindre leurs objectifs de zéro net.
La question fondamentale a rarement été abordée : que se passe-t-il lorsque nos besoins en matière de stationnement changent si radicalement que les structures construites pour abriter les voitures garées ne sont plus économiquement viables ? La réponse est qu'elles sont démolies.
Le point de départ
L'énigme des parkings est une question sur laquelle nos architectes se penchent depuis un certain temps. La conversation a pris de l'ampleur en 2021 lorsque By & Havn, la société de développement urbain et portuaire de Copenhague, nous a contactés. Ils en avaient assez de devoir construire des parkings dont ils savaient qu'ils deviendraient obsolètes dans 10 à 20 ans, lorsque l'accès des voitures à la ville serait encore plus restreint et que le passage aux voitures sans conducteur, ainsi que les transports publics et actifs, augmenteraient. Dans le cadre du programme Invest-in-Arup de l'université Arup, nous avons étudié cette tendance et exploré comment nous pourrions repenser la typologie des parkings afin d'éviter la redondance et le gaspillage à l'avenir.
La rampe de lancement
Il est rapidement apparu que cette tendance n'était pas l'apanage de nos clients scandinaves. Notre équipe en Australie a commencé à parler de nos recherches à une agence de transport - chargée de fournir un nombre monumental de places de parking - et nous avons étudié une nouvelle approche.
Repenser la typologie
Conformément à notre approche, nous avons constitué une équipe pluridisciplinaire d'architectes, d'urbanistes et d'ingénieurs en structures, en services et en incendie afin d'explorer le défi sous différents angles. Nous avons découvert qu'il était possible d'adopter une approche globale pour un projet de parking en considérant les multiples itérations de la vie d'un bâtiment et ses futurs possibles.
Tout d'abord, nous avons remis en question notre propre compréhension de ce qu'est un parking, et la réponse à cette question est plus facile à comprendre lorsqu'on l'inscrit dans le temps. Il est nécessaire de garer des voitures sur les sites aujourd'hui et à l'avenir ; cependant, nos besoins vont changer radicalement et se diversifier au-delà de l'exigence spatiale de stockage d'une voiture. Les véhicules automatisés, le covoiturage, les transports publics, les véhicules électriques (VE) et le transport actif contribueront à un changement radical dans la manière dont nous utilisons l'espace.
En utilisant une approche d'économie circulaire, nous avons élaboré des stratégies de haut niveau sur la façon dont nous pourrions fournir des solutions pratiques pour cette nouvelle approche de la conception des parkings. Il ne s'agit pas simplement de concepts novateurs, mais d'options permettant de résoudre les problèmes réels auxquels les propriétaires de parkings doivent faire face.
Nos solutions explorent plusieurs approches différentes d'un site, qu'il s'agisse de construire les fondations d'une forme réutilisable à long terme ou de quelque chose qui peut être enlevé pour être réutilisé dans d'autres endroits.
Conception pour l'expansion et la contraction
Une solution offrant une structure extensible ou rétractable peut permettre à un parking de répondre à l'évolution de la demande à moyen ou long terme. Une approche de type "kit de pièces" peut permettre à un parking de changer d'échelle au fil du temps grâce au retrait ou à l'ajout de modules structurels. Lorsqu'une structure est réduite, il est possible de "restituer" une partie du site pour faciliter une nouvelle utilisation du sol ou la création d'un nouvel espace public.

Conception pour le démontage
Les structures des parkings à étages se prêtent bien à des conceptions qui permettent le démontage, le transport et le remontage sur un nouvel emplacement. Cette approche peut convenir à des sites où l'on s'attend à ce que l'augmentation de la demande de stationnement soit de courte durée. Par exemple, au début de la durée de vie de nouvelles gares dans des zones où un développement résidentiel accessible à pied est prévu mais pas encore en cours. Ce type de conception peut répondre à des besoins à court terme lorsque les gens se rendent en voiture à une gare qui desservira plus tard une communauté vivant à distance de marche.
La grille rationnelle et la suite simple de composants, ainsi que l'absence d'exigences en matière d'entretien, signifient que le réassemblage est moins complexe que pour d'autres typologies de bâtiments, même si la géométrie du bâtiment est modifiée. Une conception en kit est suggérée pour simplifier et permettre le démontage, le transport et le remontage, que ce soit comme un autre parking ou reconfiguré et adapté pour servir une nouvelle fonction plus pertinente à l'avenir. Lorsqu'une nouvelle fonction est proposée pour l'avenir, une plus grande flexibilité devrait être intégrée dans la conception du kit de pièces, permettant de nouvelles hauteurs d'étage à étage, profondeurs de blocs, ajouts de façades et de services.

Concevoir pour permettre le changement d'utilisation
L'approche la plus séduisante lorsque l'on adopte un état d'esprit axé sur l'ensemble du cycle de vie est peut-être celle qui consiste à concevoir un parking avec une flexibilité intégrée pour permettre et encourager le changement d'utilisation lorsque les besoins en matière de stationnement évoluent ou diminuent au fil du temps. L'efficacité du stationnement au premier jour peut être légèrement affectée, mais si l'on considère le cycle de vie d'un bâtiment, l'image est différente : la valeur d'un actif se perpétue grâce à sa capacité d'adaptation.
Les nouvelles utilisations potentielles au-delà du parking sont très variées et doivent être prises en compte lors de la conception du bâtiment de base. Il est important de noter que les exigences en matière de construction pour les utilisations alternatives sont très variées et doivent être comprises pour s'assurer que le bâtiment possède la flexibilité inhérente requise pour l'utilisation future prévue. Ce scénario peut être une méthode efficace pour assurer l'avenir de la structure et limiter le besoin de démolition lorsque la demande de parking change.

Au-delà des parkings
Au fur et à mesure que nous explorions la conception des parkings, il est devenu évident que ces conceptions nous offrent un point de départ simple pour de nouvelles approches de projets plus complexes de toutes sortes.
Nous ne pouvons pas nous permettre de continuer à concevoir uniquement en fonction des besoins immédiats. Si nous voulons atteindre nos objectifs dans les décennies à venir, nous devons mettre fin au cycle de construction et de démolition et intégrer une véritable réflexion sur l'économie circulaire dans nos travaux d'ingénierie et d'architecture.
Ensemble, nous devons repenser fondamentalement la manière dont nous évaluons les besoins, concevons, construisons, livrons et réaffectons nos bâtiments afin de permettre une réimagination permanente de leur forme et de leur fonction. Il est temps d'adopter un nouvel état d'esprit.
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