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Alors que notre population augmente et que les effets du changement climatique deviennent plus évidents et plus fréquents, le changement est notre seule constante.

L'empreinte humaine des villes contribue actuellement à plus de 70 % des émissions de gaz à effet de serre et des changements d'affectation des sols, à des modes de consommation non durables et à la perte de biodiversité qui en découle.

L'Organisation de coopération et de développement économiques a récemment tracé l'empreinte urbaine collective de la planète, estimant qu'il existe aujourd'hui plus de 10 000 villes dans le monde. Combien d'entre elles pouvez-vous citer ? À la rigueur, je pense que je pourrais en citer environ 200.

Alors que nous nous efforçons d'atteindre un niveau d'émissions nettes nulles d'ici à 2030, afin d'équilibrer nos actions et les besoins de la planète, nous devons réfléchir et nous demander si cela sera suffisant. La transition vers le zéro émission permettra-t-elle de rétablir la biodiversité et les habitats perdus et de fournir les ressources et la nourriture dont nous aurons besoin pour survivre et prospérer à l'avenir ?

Si nous ne pouvons pas prédire l'avenir, nous pouvons le façonner grâce aux décisions que nous prenons aujourd'hui. Pour rééquilibrer véritablement les besoins des personnes et de la planète, nous devons récupérer et réparer ce qui a été endommagé ou perdu et revoir nos attentes quant à la manière dont nous interagissons avec le monde naturel.

Dans un monde plein de complexité, d'avancées technologiques, de solutions et d'idées, comment rééquilibrer et restaurer notre relation avec la nature ? La voie à suivre est une transformation à long terme vers une conception régénératrice qui combinera les besoins des humains et ceux de la planète. L'état d'harmonie auquel nous aspirons ne concerne pas seulement la nature et les écosystèmes, mais aussi les avantages sociaux et économiques pour tous.

Qu'est-ce que la conception régénératrice ?

La conception régénératrice est un processus de restauration de la nature qui permet à l'homme et aux systèmes naturels de coexister et d'évoluer en harmonie. Il vise à rétablir la santé sociale et planétaire, à revitaliser les écosystèmes biodiversifiés et à renouveler le capital naturel.

Il est également important de comprendre ce qu'elle n'est pas. La conception régénératrice est souvent confondue avec la "régénération urbaine", qui se concentre davantage sur la régénération des bâtiments et des espaces au sein d'un environnement urbain spécifique. Elle peut également être confondue avec la conception durable, qui vise à réduire ou à supprimer les incidences sur l'environnement. En revanche, la conception régénératrice cherche à construire des systèmes guidés par la nature qui sont résilients, dynamiques, adaptables et réparateurs, offrant un enrichissement et des possibilités aux humains et aux autres espèces de s'épanouir continuellement au fil du temps. Plus important encore, la conception régénératrice vise à obtenir des résultats positifs nets.

C'est notre voie vers un avenir net-positif, qui va au-delà du maintien des environnements naturels et de la régénération de notre planète. Il s'agit d'un changement à long terme dans la manière dont les humains interagissent avec l'environnement naturel à l'avenir. Bien que nous ne soyons pas encore parvenus à cet avenir, nous sommes sur la voie de découvrir ce dont nous avons besoin pour y parvenir.

Pourquoi la conception durable ne suffit-elle pas ?

Atteindre des émissions nettes nulles est un objectif essentiel que nous devons tous réaliser pour notre survie. La conception et les approches durables sont notre voie vers le zéro net et l'élimination des impacts négatifs de l'homme sur la terre. Elles visent à utiliser moins d'énergie et à produire moins de déchets afin de rétablir l'équilibre. Cependant, notre planète a besoin d'être réparée. Les résultats durables ne feront qu'aider à équilibrer nos actions et à nous empêcher de créer d'autres dommages.

CGI image of balance between nature and people
Image ©KCAP/SAA/Arup/S333/Lekke

Pour rétablir et rééquilibrer notre relation avec la nature, nous devons concevoir un avenir où les bâtiments consomment plus de carbone qu'ils n'en génèrent, où les infrastructures augmentent la biodiversité, où l'urbanisme restaure les écosystèmes naturels, etc.

Nous devons envisager la voie du "zéro net", où nous évoluons en harmonie avec toutes les espèces sans compromettre les besoins des générations futures.

Un puissant mécanisme de décarbonisation

La conception régénératrice est également un mécanisme important de décarbonisation. Des écosystèmes sains et florissants peuvent stocker le carbone dans leur biomasse et leurs sols, ce qui leur permet de résister aux effets du changement climatique en renforçant la sécurité alimentaire, en régulant les flux d'eau et les ondes de tempête, en réduisant l'érosion des sols et en rafraîchissant les villes.

La régénération des écosystèmes terrestres, qui comprennent les forêts, les prairies, la toundra, les tourbières et les zones humides, est un exemple tiré de notre publication "Reduce, Restore, Remove : a call to action" (Réduire, restaurer, supprimer : un appel à l'action). Grâce à un processus d'"éco-séquestration", nous pouvons restaurer les systèmes écologiques de la planète afin de maximiser l'élimination du carbone de l'atmosphère. Les forêts à elles seules pourraient stocker jusqu'à 23 % du carbone annuel mondial, tandis que trois fois plus de carbone est stocké dans le mètre supérieur des sols que dans l'ensemble de la végétation mondiale. Le reboisement, la protection des écosystèmes et l'agriculture régénératrice permettraient d'atteindre ces objectifs.

Si la conception régénératrice est un mécanisme puissant pour restaurer la santé de notre planète, elle est plus qu'un outil pour nous ramener à l'équilibre. Elle apporte des gains écologiques, améliore la valeur sociale et économique et offre un nouvel équilibre où les humains et la nature peuvent coexister.

Préparer toutes les villes à l'action climatique

Avec 10 000 villes dans le monde, comment pouvons-nous réaliser une transformation et une régénération de cette ampleur ? Si les grandes villes plus développées ont un rôle à jouer pour ouvrir la voie à cette transition, nous devons donner les moyens aux villes plus petites qui n'ont pas les compétences et les ressources nécessaires pour aller de l'avant. La bataille pour atteindre et dépasser le zéro net, rester dans les limites de 1,5 degré et créer un avenir plus régénérateur ne sera pas gagnée uniquement à Londres, Melbourne ou Singapour. Elle devra également être gagnée à Ikire, Teresina et Cirebon.

Nous pouvons y parvenir en renforçant les capacités, en partageant les connaissances, en développant les meilleures pratiques à grande échelle et en travaillant ensemble. Dans le même temps, nous devons reconnaître le contexte unique de chaque lieu afin de préserver les besoins et l'identité de leurs citoyens.

Cette semaine, lors du Sommet mondial des villes à Singapour, j'en dirai plus sur la conception régénératrice et sur des exemples significatifs de progrès réalisés dans le monde entier à l'échelle d'un pays, d'une ville ou d'un quartier. Pour en savoir plus sur ma session, consultez le site web du Sommet mondial des villes.