À la veille du premier sommet sur les bâtiments et le climat organisé par les Nations unies, Arup et le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD) appellent à une action urgente pour mesurer de manière cohérente l'empreinte carbone des bâtiments.
Cette démarche est essentielle pour réduire les émissions de carbone dans l'un des secteurs les plus polluants de l'économie, l'environnement bâti étant responsable de 37 %* des émissions mondiales, soit plus que les transports (25 %)**. On estime que moins de 1 % des projets de construction calculent et déclarent actuellement leur empreinte carbone totale, les bâtiments à zéro émission étant encore une nouveauté***.
Arup et le WBCSD avertissent que si l'on ne comprend pas exactement d'où vient le carbone dans les bâtiments, il sera impossible de réaliser les réductions nécessaires pour respecter l'accord de Paris visant à maintenir l'augmentation de la température moyenne mondiale bien en deçà de 1,5°C.
Le sommet, organisé conjointement par l'ONU et le gouvernement français, fait suite au lancement du 2030 Buildings Breakthrough Agenda lors de la COP28, qui vise à faire des bâtiments à émissions proches de zéro et résilients au changement climatique la nouvelle norme d'ici 2030.**** Les représentants de plus de 40 gouvernements et de la Commission européenne se joindront aux acteurs clés du secteur de la construction à Paris les 7 et 8 mars pour faire avancer la décarbonisation des bâtiments.
Lors du sommet, l'Arup et le WBCSD appellent les leaders mondiaux de l'immobilier, de la construction et de la conception de bâtiments à travailler ensemble pour normaliser la collecte et le partage des données sur les émissions de carbone pour les bâtiments. Le développement d'un écosystème international de données est essentiel pour que la chaîne d'approvisionnement mondiale du bâtiment apprenne les moyens les plus efficaces de réduire les émissions.
Arup s'est montré ambitieux dans son propre travail de standardisation des données relatives au carbone sur l'ensemble du cycle de vie (WLC) dans son portefeuille mondial de bâtiments. Elle a développé un ensemble de données internationales évaluant son portefeuille de projets de conception de bâtiments à l'aide des techniques WLC, qui comprend plus de 1400 projets de bâtiments dans plus de cinquante pays, en utilisant sa plateforme numérique Zero.
Les défis rencontrés par l'entreprise dans la collecte de données WLC et les connaissances acquises jusqu'à présent seront partagés avec l'ensemble de l'industrie lors du sommet dans une nouvelle étude de cas qui sera publiée : Whole Life Carbon Assessments at a Global Scale (Évaluations du carbone tout au long de la vie à l'échelle mondiale). Les principaux enseignements sont les suivants
- Les différentes fonctions d'un bâtiment - par exemple un centre de données par rapport à un immeuble résidentiel - peuvent varier d'un facteur 10 en ce qui concerne la quantité d'émissions de carbone qu'elles génèrent. Des données spécifiques sont nécessaires sur la fonction, la taille et l'emplacement pour pouvoir donner la priorité à des décisions abordables en matière de réduction des émissions de carbone.
- Les émissions de carbone augmentent considérablement entre la phase de planification et l'utilisation du bâtiment. Un examen plus approfondi des émissions de carbone tout au long des projets de construction est nécessaire pour lutter contre ce phénomène.
- L'amélioration de l'efficacité énergétique et la décarbonisation du réseau ne suffiront pas à elles seules à réduire de moitié les émissions d'ici à 2030 ; il est essentiel de réduire les émissions intrinsèques.
- La réduction des émissions de carbone incorporées dans les chaînes d'approvisionnement est la prochaine étape essentielle pour atteindre une réduction de 40 % des émissions de carbone incorporées d'ici à 2030.
Nigel Tonks, expert en décarbonisation des bâtiments chez Arup, a déclaré : "On ne peut pas gérer ce que l'on ne mesure pas. À Paris, c'est la première fois que notre secteur se réunit avec les gouvernements nationaux du monde entier pour s'attaquer à son impact sur le climat. La normalisation de la mesure du carbone et de l'établissement de rapports facilitera grandement l'adoption à grande échelle de la mesure du carbone sur l'ensemble du cycle de vie.
"Elle améliorera les informations que nous pouvons tirer des données pour donner aux propriétaires d'actifs immobiliers, aux investisseurs et aux promoteurs les meilleurs conseils dont ils ont besoin pour prendre les bonnes décisions qui permettront de réduire de moitié les émissions dans les bâtiments neufs et rénovés. Si le secteur du bâtiment ne devient pas une priorité en matière de décarbonisation, nous ne parviendrons pas à maintenir le changement de température en dessous de 1,5 °C."
Les travaux du WBCSD et d'Arup ont déjà montré que jusqu'à 50 % de l'ensemble des émissions de carbone d'un bâtiment proviennent du carbone incorporé - la fabrication des matériaux et le processus de construction - plutôt que de l'exploitation des bâtiments. Il a également constaté que six matériaux seulement, tels que l'acier et le béton, représentent 70 % du carbone incorporé lié à la construction.
Lors du forum de Paris, Arup continuera à démontrer son leadership actif dans le programme d'action pour la transformation du marché de l'environnement bâti du WBCSD, qui appelle à l'adoption à grande échelle des évaluations WLC, à l'intégration du coût du carbone dans la tarification des produits et à la transformation des incitations en faveur de solutions à faible teneur en carbone.
Références :
* Programme des Nations unies pour l'environnement : 2022 Global Status Report for Buildings and Construction (Rapport mondial sur les bâtiments et la construction).
** Notre monde en données : Emissions from Transport
*** Arup & WBCSD : Net Zero Buildings, where do we stand ?
**** The Buildings Breakthrough, PNUE