Le développement d'une économie circulaire est au cœur de la future stratégie de croissance de la Thaïlande. L'ambition du gouvernement est de quitter la tranche moyenne du PIB d'ici à 2037, mais il doit trouver un équilibre entre la croissance prévue et des objectifs environnementaux stricts.

Le gouvernement thaïlandais a demandé à l'Arup de travailler avec la Société financière internationale (SFI), une organisation qui fournit aux gouvernements nationaux des analyses sur la stimulation de la croissance du secteur privé. Notre mission consistait à étudier la possibilité d'uneéconomie circulaire dans trois des secteurs les plus stratégiques du pays : l'alimentation et l'agriculture, les équipements électriques et électroniques, et la construction.

Nous avons élaboré un rapport contenant des recommandations politiques et non politiques qui identifiaient les opportunités à fort impact grâce à des données et des informations sur les parties prenantes. Notre évaluation de ces opportunités a révélé des milliards de dollars de revenus potentiels et d'économies de coûts, ainsi que des impacts environnementaux positifs significatifs. Elle a également identifié les contraintes que la Thaïlande doit surmonter pour concrétiser ces opportunités.

La Thaïlande joue désormais un rôle régional de premier plan dans la promotion de l'économie circulaire, en intégrant des mesures favorables à l'économie circulaire dans ses plans de développement économique et social.

Possibilités de croissance verte en Thaïlande

La croissance démographique et l'augmentation de la classe moyenne des consommateurs exercent une pression sans précédent sur les ressources naturelles de la Thaïlande pour répondre à la demande future. L'économie circulaire est un moyen de réinventer l'avenir afin de créer une croissance et une prospérité durables.

Après avoir examiné les progrès réalisés par la Thaïlande et les avoir comparés à ceux des pays à la pointe de l'économie circulaire, des pays ayant des liens économiques avec la Thaïlande et des pays dont l'économie est similaire, nous avons identifié une série d'opportunités que la Thaïlande pourrait saisir.

L'Arup a mené cette évaluation de l'économie circulaire, la première du genre, en associant une analyse quantitative des avantages économiques à des
propositions qualitatives sur les changements politiques nécessaires à la prospérité de l'économie circulaire. Pour tirer parti de cette expérience, nous avons
demandé à l'Arup de rédiger une note d'orientation sur la manière d'entreprendre ce type d'évaluation dans d'autres pays.

Etienne Raffi Kechichian

Spécialiste principal du secteur privé, Société financière internationale

Nous avons ensuite classé ces opportunités par ordre de priorité en fonction de leur potentiel économique et environnemental, de celles qui s'alignent le mieux sur les ambitions de la Thaïlande et de leur adéquation avec les secteurs cibles. Nous avons donné la priorité à celles qui avaient le plus d'impact sur l'ensemble de la chaîne de valeur. Nous avons également évalué les mesures au niveau des entreprises individuelles afin de nous assurer que les avantages et les actions étaient significatifs pour les chefs d'entreprise et les décideurs gouvernementaux.

Nos recommandations se concentrent sur cinq opportunités pour chaque secteur stratégique, qui pourraient générer des bénéfices de 23,1 milliards de dollars, soit 4 % du PIB prévu de la Thaïlande, d'ici à 2026.

Surmonter les obstacles à la circularité

Le passage à un modèle circulaire exige un changement systémique de l'économie thaïlandaise. Avec une approche d'une telle ampleur, il ne sert à rien d'envisager les différents secteurs en vase clos. Au lieu de cela, nous avons examiné les différents facteurs qui limitent le développement d'une économie circulaire par secteur et d'un secteur à l'autre.

Nous avons constaté un manque de connaissance et de compréhension du concept dans les secteurs public et privé et dans le monde universitaire. Il est donc difficile pour les gouvernements, les investisseurs et le secteur privé d'unifier leurs ambitions. Les arguments économiques en faveur de l'économie circulaire manquent également de clarté.

Le développement d'une économie circulaire est très sensé sur le plan environnemental, mais il est essentiel d'articuler le modèle d'entreprise qui sous-tend la croissance du secteur privé pour éduquer les nombreuses multinationales et banques qui n'ont pas encore investi de manière significative dans le concept. Toute économie circulaire est limitée par l'infrastructure physique et numérique disponible, et il est essentiel de la développer pour offrir les opportunités qu'elle promet, tant sur le plan pratique que pour les entreprises.

Notre analyse a permis d'identifier les activités clés et la collaboration nécessaires pour surmonter ces obstacles et réaliser les gains substantiels offerts. Les actions recommandées vont de la révision des réglementations et des normes à l'intégration d'une approche d'économie circulaire dans les marchés publics.